Une année en programme Découverte Solidaire en Thaïlande !
En 2011, Dorine partait en Découverte Solidaire dans l'Asie du Sud Est.
Dorine, tu es partie en programme solidaire, quel âge avais-tu lors de ton départ ?
Je suis partie à l'âge de 18 ans.
Après le bac, quelles sont les motivations d'une jeune fille de ton âge pour partir à l'étranger durant une année?
N'ayant aucun diplôme en cours (je faisais une année de prépa) et ayant toujours été une grande admiratrice de l'Asie, le moment était propice pour m'ouvrir à autre chose qu'au quotidien monotone des études. Il était tant de sortir de ma bulle et de mon confort et de découvrir ce qu'il se passe autour de moi.
Pourquoi avoir choisi ce programme et pourquoi la Thaïlande ?
Ayant déjà passé mon bac et ayant plus de 18 ans, je ne pouvais pas faire de programme scolaire. De plus, j'ai choisi le plus long programme pour la simple raison que 10 mois seront toujours plus enrichissants en découvertes et en souvenirs que 3 ou 6 mois. Une telle occasion ne se représenterait pas.
Dans quelle ville te trouvais tu en Thaïlande ?
J'ai vécu à Chumphon, dans le sud de la péninsule, tout le long du programme.
La Thaïlande, c'est quelque part le dépaysement assuré. Quelles ont été tes premières impressions à l'arrivée ?
Perdue, tétanisée, émerveillée, aux bord des larmes. Tout cela en même temps et tellement plus encore. C'est un sentiment assez compliqué à expliquer. C'était pour moi mon tout premier voyage à l'étranger où je me retrouvais "livrée à moi même".
La Découverte Solidaire se distingue des autres programmes car les jeunes ne sont pas scolarisés à l'école. Quelles ont été tes différentes missions sur place?
Trois jours par semaine, je travaillais à l'école Sriyapai School de la ville de Chumphon, en tant qu'assistante de français. J'accompagnais donc un professeur Québécois dans ses cours de langues, avec des élèves de 14 à 18 ans.
Enfin, deux jours par semaine, je travaillais à l'hôpital de la même ville (située à 200m de l'école) dans le service de chirurgie post-opératoire des femmes (c'est la meilleure traduction que l'on puisse donner à ce service). J'accompagnais les infirmières lors des soins, je faisais un peu de ménage et je parlais beaucoup aux patientes (en thaï !), qui à mon plus grand plaisir, en étaient heureuse!
En revanche, le point commun est l'immersion dans une famille d'accueil locale. Comment était la tienne?
J'ai été placée dans une première famille d'accueil avec laquelle cela aurait pu mieux se dérouler. En effet, les parents me considéraient surtout comme la babysitter des enfants (12 et 13 ans). Je devais parler uniquement anglais avec eux, nettoyer leurs bétises et leurs assiettes, etc.
J'ai par la suite été placée dans une seconde famille. Un vrai bonheur!
Une mère qui me considérait sincèrement comme sa fille et qui me donnait tout son amour, un père très attentionné et généreux et trois grand frères (22, 25 et 27 ans) tous plus gentils et chaleureux les uns que les autres!
Oui, un vrai bonheur que je ne peux résumer en quelques phrases.
Tu as appris une nouvelle langue là bas ou tu parlais anglais avec les thaïlandais? La communication était simple ou compliquée?
Ma première famille ne m'a pas permis de parler thaï mais uniquement anglais. Par la suite, dans ma seconde famille, je me suis améliorée très rapidement en thaï. Je commençais par quelques mots maladroitement placés puis, avec l'aide de tout le monde (dans la rue, par mes élèves, les patientes de l'hôpital, ma famille, etc.) ma compréhension et mon élocution se sont vite améliorés. Au bout de 5 mois, je pouvais parler gouvernement et politique (assez simplement) avec n'importe qui!
La découverte solidaire, c'est une expérience humaine. Est ce que cela t'a changé ou t'a apporté quelque chose?
Énormément!
Avant de partir, j'avais pour projet de devenir infirmière militaire. Mais au fil de mes semaines à l'hôpital, je me suis vite rendue compte que ce travail représente beaucoup de responsabilités et requiert un mental d'acier.
Après avoir mûrement réfléchi aux différentes possibilités et en fonctions de mes nouveaux goûts découverts sur place, je vais l'an prochain entamer ma 3e année de tourisme durable. Et je m'éclate!
Bien entendu, je voyage beaucoup entre temps dès que j'en ai l'occasion, comme en ce moment même, au japon, d'où je réponds à cette interview.
Quels ont été ton pire et meilleur souvenir ?
Mon pire souvenir s'est déroulé dans ma première famille d'accueil. Juste après dîner, lors d'une soirée karaoké à la maison, la mère débarque furieuse dans la salle, me pointe violemment du doigt et crie un moment en thaï dans ma direction. Après traduction des enfants, j'ai compris qu'elle s'était énervée parce que je n'avais pas fait la vaisselle de tout le monde avant de profiter de la soirée. Toute la famille et les amis présents m'ont regardé avec un air d'accusation très insistant. J'ai fini en pleurs toute la soirée..
Mon meilleur souvenir, lui, s'est déroulé dans ma seconde famille. Ma mère, qui est aussi prof dans l'école où je travaillais, me raccompagne tous les jours en voiture jusqu'à la maison. Un jour, elle n'a pas démarré la voiture. Elle a sorti un papier et à commencer à me le lire : "Lyn (mon surnom thaï), si tu peux me considérer comme ta mère tout comme moi je te considère comme ma propre fille, je souhaite que tu acceptes ce cadeau pour soulager un peu ton coeur blessé".
Le cadeau en question état une montre qui remplacerait celle que j'avais perdue quelques jours auparavant et qui appartenait à ma mère décédée.
Elle avait demandé à ses collègues professeurs d'anglais de lui traduire ce mot pour être sûr de correctement traduire ses sentiments.
Nous avons pleuré toutes les deux pendant un bon moment, dans les bras l'une de l'autre.
Cela fait maintenant 3 années de recul que tu as pu prendre, si c'était à refaire tu y retournerais ?
Sans aucune hésitation! Cette année a été révélatrice pour moi, un véritable tournant dans ma vie. Elle m'a fait devenir ce que je suis aujourd'hui (étudiante dans le tourisme et voyageuse aventurière) plutôt que l'infirmière militaire que j'étais censée devenir. Je suis véritablement épanouie aujourd'hui!
Un dernier conseil pour les futurs partants?
Je ne peux pas donner un unique conseil mais plutôt une tirade interminable!
Ne pas hésiter, tout essayer, s'immerger un maximum dans la culture par tous les moyens, parler, échanger, sourire autant que possible. Et surtout... PROFITEZ !