Eve en Chine
Eve

Eve en Chine

Eve a passé l'année scolaire 2016-17 en Chine avec YFU
YFU France:

Pourquoi avoir choisi la Chine comme pays d’immersion ?

Eve:

J'ai étudié le chinois durant cinq ans avant de partir. Même si mon niveau ne volait pas haut, j'étais toujours passionnée de sinologie et du monde asiatique. On ne choisit pas vraiment ses goûts, et j'aimais l'aperçu que j'avais de la Chine et sa culture, et je désirais voir si elles me plairaient tout autant non pas en les étudiant, mais en les vivant.

Ma famille d'accueil et moi à Wuxi (ville natale de ma mère chinoise),
YFU France:

Ce pays se situe assez loin de la France, pour ne pas dire à l’autre bout du globe… La distance te faisait-elle peur ou bien as-tu au contraire une âme d’aventurière ?

Eve:

Si on ne parle que de distance physique et pas de distance culturelle, selon moi, à 100 kilomètres ou à 10.000, cela revient au même. Si j'avais été en Espagne, c'eut été pareil. Humainement, on ne peut pas se rendre compte de la distance qui nous sépare, on ne peut que constater la présence ou l'absence plus ou moins prolongée d'une ou plusieurs personnes. Bref, je dirais que la distance ne me faisait pas peur, mais que ce n'est pas sur le critère de la distance physique que je me qualifierais (ou non) d'aventurière.

YFU France:

Quelles ont été tes premières impressions sur le pays et la population lorsque tu es arrivée là-bas ?

Eve:

On m'avait dit avant que je parte pour les États-Unis que c'était le pays du gigantisme. Selon moi, c'est faux. Le pays de la démesure, c'est la Chine. C'est un pays de contrastes extrêmes ou il y a plus de tout : plus de gens, plus de riches et plus de pauvres, plus d'immeubles et plus grands, plus de dynamisme… Quand je suis arrivée en Chine, c'est ce que j'ai ressenti. Dans les grandes villes et en tant qu'étrangère, je n'ai en aucun cas ressenti la pression d'une dictature qui ignore les droits de l'Homme, bien que le gouvernement exerce cette pression. La Chine, c'est également un pays où si l'on est pas chinois de naissance, on ne l'est jamais vraiment pour ceux qui le sont. Très rares sont les cas d'attribution de la nationalité chinoise à des étrangers. En revanche, on peut s'intégrer facilement dans le décor cosmopolite et bigarré des villes comme Shanghai, Pékin, Hong Kong ou Shenzhen, où des ethnies du monde entier cohabitent.

YFU France:

Comment était ta famille d’accueil ?

Eve:

J'ai eu de la chance, ma famille d'accueil et moi nous entendons très bien, et durant l'année, nous avions un bon dynamisme. Plus que ma famille d'accueil, c'est ma famille. Nous étions généralement six à la maison : grand-mère paternelle, père, mère, sœur, petit frère, et moi-même. Il est assez rare de rencontrer des familles avec deux enfants. Mes parents chinois avaient décidé d'avoir un deuxième enfant un an avant l'allègement de la loi pour l'enfant unique. Les familles aisées en Chine pouvaient se permettre les frais en plus pour avoir un deuxième enfant.

YFU France:

Le chinois est une langue très complexe et riche, comment as-tu vécu l’immersion linguistique ?

Eve:

Il n'y a pas de secret, il faut y mettre du sien. De mon point de vue, c'était un challenge que j'ai bien vécu. Les langues, j'aime ça. En Chine, on apprend aussi qu'il y a de très nombreuses et diverses façons de se faire comprendre, et c'est là aussi qu'on peut se consacrer à un échange interculturel plus que linguistique.

YFU France:

A quoi ressemblait ton quotidien en Chine ?

Eve:

La semaine : métro, boulot, dodo. Le week-end : église et tourisme.

YFU France:

Il est connu que les étudiants chinois sont de gros travailleurs, as-tu remarqué cette caractéristique en allant au lycée ? En quoi le système scolaire chinois est-il différent de celui que nous connaissons ?

Eve:

En France, l'État cherche à ce que tout le monde a son bac, histoire de ne pas dépenser des millions dans les redoublements. En Chine, il cherche à obtenir le meilleur score de la part des «bons» étudiants et à reléguer les «mauvais» aux besognes mal payées qui font vivre le pays, histoire de développer un savoir-faire qu'autrefois la Chine empruntait d'autres nations, et de conserver une classe moyenne/pauvre pour continuer le plus longtemps possible l'exploitation humaine qui lui a permis entre autres de s'élever au rang de première puissance mondiale.
L'école chinoise est une compétition non-violente pour les meilleures universités, et les étudiants travaillent d'arrache-pied, surtout dans les écoles bien classées comme celle où j'étais à Shanghai. Les élèves ont très peu de temps pour eux-mêmes et il m'a été difficile de convaincre mes amis de faire des sorties de temps en temps, même le week-end.

YFU France:

Qu’avais-tu l’habitude de manger là-bas ? Ta famille cuisinait-elle des spécialités locales ?

Eve:

Ma grand-mère cuisinait généralement des plats des alentours de Shanghai avec des crustacés, du poisson... Je n'ai pas passé une journée en Chine sans manger de riz.

YFU France:

Quel a été ton meilleur et pire souvenir lors de ton séjour ?

Eve:

Le meilleur : un soir où je rentrais du lycée, j'ai ouvert la porte et mon petit frère (trois ans) m'a vue, a couru vers moi pour se jeter dans mes bras et m’a glissé à l'oreille “Je t'aime, grande-sœur !”.
Le pire : bah, rien d'horrible, vraiment.

YFU France:

Que conseillerais-tu à un jeune partant en Chine ?

Eve:

Il faut faire le premier pas vers les autres, surtout à l'école où la plupart des jeunes seraient ravis de discuter mais n'auront pas assez confiance en leur anglais pour venir te parler. Même si ton niveau de chinois est minime, les chinois sont toujours agréablement surpris d'entendre quelques mots de chinois de la bouche d'un(e) occidental(e).